Trek Guatemala, la suite

Petit matin ensoleillé magnifique pour ce troisième jour de marche. Nous nous élevons au-dessus du camp par un sentier bien raide. Il faut prendre le rythme. La difficulté est largement compensée par les points de vue extraordinaires sur les volcans Fuego et Acatenango. Chaque virage offre une magnifique photo, surtout quand le Fuego crache son petit nuage de fumée.

Ce qui est incroyable c’est la raideur des pentes cultivées. Nous entrons dans le royaume du pois gourmand dont la culture est omniprésente. C’est un légume qui n’est pas consommé ici, il est entièrement destiné à l’export. Les paysans gagnent en moyenne 0,25 quetzales par kilo de pois gourmand, soit 0,03 €. Quand on en voit le prix dans nos supermarchés occidentaux, on se dit que le travail de la terre est définitivement la dernière roue du carrosse de l’économie mondialisée !

Le passage sur l’autre versant nous offre une jolie vue sur le sommet du volcan Agua, déjà pris d’assaut par les nuages. Peu après le point culminant de notre journée, nous entrons dans la forêt humide, incroyable profusion de verdure, arbres tortueux, orchidées. Le sol est noir, légèrement boueux et gras. Tout évoque la vie.

Les nuages de l’après-midi envahissent peu à peu la canopée et transforment les arbres en silhouettes fantomatiques. C’est très étrange et rafraichissant.

La journée se termine par une (longue) marche sur le bord de la route. Plutôt ennuyeux, même si cela nous permet de traverser quelques villages et d’observer le travail d’un groupe de pivert (à tête rouge !). Avant d’arriver au camp, nous passons à proximité d’un cimetière : un véritable village des morts composé de mini maisons colorées à plusieurs étages (un membre de la famille par étage).

Ce soir, douche express avant d’aller rendre visite à une famille locale. Dona Paola vit avec son mari, sa belle-mère et sa belle-sœur. Elle mène sa troupe de main de maître pour réaliser son rêve d’envoyer ses 7 enfants aux Etats Unis ! 5 d’entre eux y sont déjà, la plupart en situation irrégulière, et les 2 dernières filles de 8 et 10 ans se préparent à ce destin tracé par les parents. Pour cela, elle travaille notamment avec les touristes, fait la démonstration de son savoir-faire de tisserande, appris auprès de sa belle-mère, vend quelques pièces en habile négociatrice et anime un atelier tortillas dans sa cuisine.

Nous dînons avec les dites tortillas. Le vent s’est levé et invite à se glisser bien au chaud (avec des bouillottes !!) sous la couette.

Le ciel est translucide au réveil : à l’est, le soleil se lève derrière les volcans, tandis qu’à l’ouest on devine les eaux du lac. Il est juste là !

Aujourd’hui, Francisco, un guide local, nous accompagne. Nous traversons les villages et les parcelles cultivées. Nous remarquons horrifiées un champ parsemé de toutes jeunes carottes sorties de terre et abandonnées : pas calibrées pour la vente, elles sont juste jetées. C’est inimaginable ! Les villageois ne les consomment même pas. Quand on sait le prix qu’on paye les « baby carrots », en plus elles sont délicieuses.  

La descente se poursuit dans la forêt, puis dans les plantations de café. Nous faisons halte dans une petite coopérative de transformation du café pour observer le processus de fabrication depuis l’arrivée des baies brutes jusqu’au séchage. L’ensemble du processus est très artisanal et tout est mis en œuvre pour recycler et composter les coques notamment. Le café est bon est la pause est bienvenue pour reprendre des forces car le chemin est encore long.

La descente est raide, très raide. Au fond du vallon très encaissé nous attend un autre pont suspendu un peu plus vertigineux, mais ça passe en fermant les yeux ! En face de nous se dresse littéralement un mur… un mur cultivé en plus : oignons et chrysanthèmes principalement. La montée s’annonce rude. Le sentier est très étrange par endroit il est comme creusé, raviné formant une sorte de tunnel à ciel ouvert. La pause déjeuner dans une petite tienda avec boissons fraîches est plus qu’appréciable après ça.

Je discute avec Francisco, il est très content d’avoir l’occasion de guider des groupes de touristes de temps en temps, c’est plus rémunérateur que le travail aux champs. Il est touchant car il veut tout savoir de la vie en France et compléter son vocabulaire en anglais. Sa fille ainée, 16 ans et déjà mère d’un petit garçon d’un an, le préoccupe. Il espère qu’elle ne va pas abandonner ses études. En fin de journée, il me confie maladroitement son admiration pour notre groupe : « pour des femmes âgées et un peu grosses, nous marchons vraiment bien » !!!

Ça y est, nous arrivons au Lac Atitlan. Le panorama est  magnifique : le lac scintille entouré de volcan. Un chapelet de villages s’accroche sur les pentes dans un style qui pourrait, toutes proportions gardées, rappeler la Riviera ou la côte amalfitaine.

San Antonio Palopo est le terminus de notre marche. We did it!

Un pick up vient nous chercher pour rejoindre Panajachel, la principale ville du pourtour du Lac, où nous allons prendre une lancha vers la Casa del Mundo… une guesthouse de charme pour profiter de la beauté du lac.

Embouteillages, travaux sur la route… il fait nuit noire quand le bateau nous dépose sur le ponton de l’hôtel accroché à flanc de colline. Dur dur pour nos mollets de reprendre du service pour grimper les dizaines de marches vers nos chambres. Demain, la vue sera incroyable !