Faut-il encore aller au Bromo?

Nous quittons Yogyakarta à bord du Malioboro express… un train qui n’a d’express que le nom ! Un peu plus de 8 heures de trajet avec des arrêts dans de nombreuses petites gares… et nous arrivons à Malang, ville d’un bon million d’habitants. Les abords de la gare sont encombrés, l’air est humide et chaud. 

Les 4 prochains jours serons consacrés à la découverte de la région des volcans de l’est de l’île de Java.

IMG_20190704_093732De Malang nous retiendrons surtout la visite de Jodipan, un quartier étonnant et multicolore. Les habitants de ce bidonville, avec l’aide d’un groupe d’étudiants artistes ont transformé leurs maisons et leurs rues en explosion de couleurs vives et en œuvres d’art plus ou moins éphémères. Fresques, suspensions de masques traditionnels, de chapeaux ou pluie de fleurs en papiers… la création est partout. Aujourd’hui les habitants de ce “coulourful village” vivent aussi du tourisme car ce lieux unique qu’ils ont créé attire de nombreux visiteurs.IMG_20190704_095114IMG_20190704_095417

Nous mettons le cap sur Cemoro Lawang, porte d’entrée du volcan Bromo. En chemin, pause à la chute d’eau de Madakaripura. Marche d’approche sous une grosse averse tropicale et les cascades finissent de nous tremper jusqu’aux os !

Le temps est nuageux et cela n’annonce rien de bon pour demain.

Cemoro Lawang a un petit côté station de montagne : un air léger et frais, beaucoup de touristes, des vendeurs de bonnets et de gants… nous nous couchons sitôt notre assiette de mie goreng avalée car le réveil est réglé à 2h45 pour demain matin !

Nous retrouvons notre guide à 3h. Le village est déjà en pleine ébullition : des jeeps chargées de touristes forment une file ininterrompue en direction du Bromo. Nous nous installons dans la nôtre… incrédules, médusés (et asphyxiés) par le spectacle de ces centaines de jeep qui crachent leur gaz d’échappement en montant à touche-touche vers le belvédère. Embouteillages, pollution… nous regrettons de participer à cette odieuse manifestation du tourisme de masse ! Après la file de jeep, c’est la file de touristes que nous suivons comme des moutons au milieu des échoppes qui encadrent le chemin d’accès. Notre exaspération grandit !

Nous trouvons un petit coin sur le flanc de la colline ravagée, érodée par les milliers de pieds qui chaque jour cherchent le meilleur angle pour faire des selfies !!! L’horizon bleuit et la silhouette du volcan Semeru se dessine à l’horizon. Malheureusement, le spectacle majestueux de la nature n’inspire même pas le silence à nos voisins de colline.B8F3347F-43AB-4EE4-85AF-C618B9007602

Le panorama se dévoile avant d’être trop vite gagné par les nuages… nous n’aurons même pas la consolation d’avoir vu ce magnifique paysage dans la lumière dorée du petit matin.9D607725-BFE8-4F9E-BA07-A095C4DDFA26

Retour à la jeep. Et descente dans la caldeira du Bromo pour monter à pied au bord du cratère. La foule qui était au belvédère s’est logiquement déplacée jusqu’ici. C’est insupportable. Nous montons presque à la queue leu leu dans un chemin de sable poussiéreux que nous partageons avec de trop nombreux petits chevaux qui, pour quelques milliers de roupie, transportent les touristes paresseux !!! En haut, au bord du cratère, on peut s’éloigner un peu pour échapper à la foule de photographes qui restent massés en haut des escaliers. Le panorama sur le cratère fumant est beau… mais nous sommes tellement frustrés de le voir dans de telles conditions.F864D38B-F143-4B57-A023-5BDA9542297995F81A51-85D6-4E84-BE37-1BE0F66C7F41

Il est vraiment urgent que le gouvernement indonésien prenne des mesures pour préserver ces sites exceptionnels ! 

D’humeur noire, nous mettons le cap sur notre prochaine étape : la région du Kawah Ijen. Une grosse journée de route. Nous profitons de la piscine de l’hôtel et négocions une rallonge de nuit (départ 4h au lieu de 3h) car nous voulons à tout prix éviter d’être à nouveau noyés dans une foule de touristes. Ça fonctionne car nous arrivons sans encombre au pied du volcan et commençons à monter seuls ou presque… des « taxis » nous suivent pour nous proposer leurs services. Il s’agit de petits chariots métalliques pour hisser les touristes au sommets !4354DC63-0B50-4F4A-8082-625788F13BBA

Le chemin monte raide mais c’est agréable. De plus en plus de gens dans la descente… En haut nous sommes presque seuls. Ouf. La vue sur le lac du cratère est bouchée par les nuages. Ce lac de couleur turquoise est l’un des plus acide au monde.1143B0F1-3AAE-4708-AF7F-30260C2C21D2 Dans le cratère, on aperçoit le lieu d’extraction du soufre où les mineurs travaillent dans des conditions particulièrement éprouvantes, sans aucune protection, et remontent plusieurs fois par jour sur leur dos 70 kg de ces pains jaunes qui ressemblent à du polystyrène. Ensuite, ils les concassent et les conditionnent dans des sacs avant de redescendre la production du jour dans des petites charrettes à bras.5759CE60-1023-4552-9733-A4E83570368B85246165-A9FB-409B-B728-35897A787196418B757D-2682-4CCC-A7CF-1012129FBD85

Nous reprenons la route vers le sud pour rallier le parc national de Sukamade, un sanctuaire de préservation des tortues marines. C’est un endroit qui se mérite !! 4 h de jeep dont 2 sur une piste vraiment cabossée en pleine forêt. Nous arrivons au bout du monde dans un petit village qui donne de l’air aux villages d’Amazonie. Plantations de cocotiers, de cacao, de caféiers et de « rubber trees » dont s’écoule la sève blanche qui sera transformée en latex.FE2AA38A-55B9-402B-AE75-D55485DB253F62B16A46-4B99-4B75-973A-204D5FF144A6

Après le dîner, nous avons rendez-vous sur la plage de Sukamade au campement des Rangers qui vont nous accompagner à la rencontre des tortues marines… encore 30 minutes de jeep.

En arrivant, horreur, stupeur, des dizaines de touristes attendent le briefing ! Nous sommes dépités ! Comment est ce possible de découvrir la vie sauvage en troupeau bruyant ? Nous arrivons sur la plage et nous installons pour attendre pendant que les Rangers cherchent les traces de tortues venues pondre ce soir là. L’attente est longue et vue les circonstances, nous sommes à deux doigts de repartir.

Finalement, l’alerte est donnée : une tortue est en train de pondre ses œufs tout près de nous… tout le monde se précipite. La tortue est cernée… mais elle continue, imperturbable, à remplir le trou qu’elle a creusé de beaux œufs blancs brillants. En tout 126 œufs. Nous l’observons un long moment. C’est un spectacle assez incroyable. Quand elle a fini, elle commence à refermer méthodiquement ce nid et à aplanir le terrain. Nous rentrons à l’auberge à 23h45… la journée a été longue.

Le lendemain, réveil à 6h pour retourner à la plage afin de relâcher des petites tortues. Nous avons dans une petite bassine 7 bébés tortues éclos la veille. 26DC6DDC-5A25-467F-84F4-CF51ADB1F499E10FD824-A34F-4A01-8BC6-59C615963CA5Sur la plage, il faut leur permettre de prendre leurs marques en les posant à une certaine distance de l’eau et surtout en les laissant avancer seuls vers les vagues. C’est pour moi un moment d’intense émotion de voir ces petits êtres d’instinct se précipiter vers l’océan. 464E51F7-1781-4C37-AC43-C93CC4B6590D79A06A47-5483-4A6F-B8B8-9A10C037F78DLa plage est superbe. Les femelles tortues qui survivront reviendront ici dans 25 ans pour pondre à leur tour leurs œufs…3D617FBB-699A-4028-9AFB-D02093E8ADE0

Pour nous il est temps de quitter ce coin de paradis… une grosse journée de voiture plus tard nous sommes de retour à Bali.

Voir le film de nos aventures en Indonésie https://youtu.be/_8i69NsHdqE