Un projet (un peu) fou…

Pourquoi ?
Une charnière de vie, entre une dizaine en plus et le départ des enfants et le projet de quitter le Maroc où j’habite depuis 11 ans. L’envie de redécouvrir ce Maroc que j’aime, celui des montagnes, des vallées éloignées, des petits villages, des bergers. L’envie de me replonger dans cette authenticité, cette simplicité du Maroc rural… L’envie d’arrêter la course folle contre le temps, de retrouver un rythme, le rythme lent de la marche et de l’itinérance.
L’envie de donner corps à un rêve de longue date et de me dire que c’est possible de concrétiser des projets un peu hors du commun

Bivouac au bord du lac Tamda

Quand ?
Septembre / octobre est une belle saison pour entreprendre une traversée (dans la portion « est ») il fait encore bon et la seule contrainte est de ne pas se faire surprendre par les premières neiges. J’avais l’espoir aussi de pouvoir rencontrer des nomades avant leur voyage de retour vers le sud, mais malheureusement nous les avons manqué de peu sur le massif du M’goun comme sur le plateau de Yagour.
Septembre, ça permettait aussi bien sûr de ne pas hypothéquer les vacances d’été en famille !

Dernier lever de soleil de notre traversée

Comment ?
Dans mes rêves les plus fous, c’est une aventure en solo… enfin à la rencontre des habitants, en se laissant guider par les rencontres et l’hospitalité, un peu à la mode des grands voyageurs dont les récits me font rêver depuis longtemps (Afrika trek en tête)… mais ce n’est pas simple. Sans même évoquer la peur d’être seule et femme sur les sentiers marocains (je ne me suis jamais sentie nulle part en danger au Maroc), c’est plus la question de l’orientation de la gestion logistique qui m’a amenée à rester dans le cadre plus convenu de la « randonnée » muletière.
C’est aussi parce que c’est envisageable au Maroc facilement et à un coût abordable.
J’ai beaucoup potassé le livre et le site internet de Pierre Martin, très bien documenté sur la traversée avec plusieurs parcours.

J’en ai parlé à différents amis amateurs de randonnée, à différents guides marocains, au delà de l’assiette « budgétaire », un groupe de 4 paraissait le plus adapté pour bien vivre cette aventure sur le plan humain. Il restait donc à trouver 3 aventuriers assez disponibles et assez fous pour m’accompagner, et un guide expérimenté pour construire le parcours et organiser le trek.

Bivouac à proximité du village d’Asemsok (photo Françoise Delaveau)

Qui ?
Je randonne depuis plus de 10 ans au Maroc et j’ai rencontré de nombreux guides… mais j’ai finalement décidé de confier ce projet à quelqu’un que je ne connaissais pas, mais qui avait une grande expérience des randonnées sportives de longue durée avec des agences internationales reconnues.
Du côté des randonneurs, mon ami Cyrille avec qui nous avions rêvé de ce projet a été tout de suite partant… pour 15 jours, boulot oblige.
Ensuite, j’ai contacté Samantha que j’avais rencontré en randonnée au Pérou. Nous nous connaissions peu, mais je la savais adepte des randonnées au long cours et des aventures un peu hors du commun. Elle a dit oui tout de suite malgré la distance, les incertitudes covidiennes et le fait qu’elle ne connaissait pas le Maroc. Je dois dire que j’admire vraiment son esprit aventureux !!
Je ne connaissais pas vraiment Françoise, mais nous avions eu quelques échanges par mail et téléphone dans un tout autre contexte et je ne sais pas pourquoi ni comment, je me suis dit que ça pourrait l’intéresser… une intuition. Ca a matché tout de suite entre nous !

Le jour J, au bord du Lac Tislit, nous étions donc 4 randonneurs, 1 guide (Mohamed Chemmi) et 3 jeunes muletiers (M’jid, Mohamed et Hassan) arrivés en camionnette depuis la vallée des Ait Bouguemez… et bien sûr les 3 mules qui ne portent pas d’autre nom que « tasserdount ».

M’jid et Mohamed avec les 3 mules

Quoi ?
Au départ, je souhaitais rallier Midelt à Imlil car j’avais beaucoup aimé la région de l’Atlas oriental. Finalement, après discussion avec Ahmed Ait Hammou (un guide et organisateur très expérimenté d’Imlil), j’ai retenu un parcours un peu plus ramassé qui permettait de tenir sur un mois. Imilchil-Imlil c’est bien aussi et ça sonne !
Le programme était donc détaillé avant de partir, mais nous étions d’accord sur le fait que l’esprit du projet devait nous permettre d’accepter l’imprévu ou de nous adapter en fonction de la forme de chacun.
A aucun moment nous avons eu l’intention de faire de cette aventure une performance physique, un concours de vitesse où de dénivelé. L’esprit était véritablement pour moi de tracer un chemin, de regarder l’horizon et d’avancer à notre rythme, de faire la route avec un objectif. Se rapprocher finalement de la vie nomade dans laquelle la marche est le moyen de locomotion pour entreprendre le voyage.

Le lac d’Isli sur les plateaux d’Imilchil