A pied sur le Jordan Trail (suite)

Début du troisième jour. La journée de marche est courte, mais les paysages sont toujours aussi spectaculaires et variés. Nous cheminons de cols en wadis, de gorges en plateaux : à chaque virage nous découvrons de nouvelles merveilles géologiques.

Dans le lit de la rivière, une étrange roche de galets agglomérés est sculptée par l’eau. Le camp est installé à même l’oued à l’ombre des acacias. Nous grimpons sur une colline pour admirer un superbe coucher de soleil sur la frontière israélienne qui se trouve à quelque 6 km.

Le ciel étoilé est magnifique, nous sommes au milieu de nulle part avec une sensation incroyablement intense de vivre des moments précieux.

Une nouvelle journée commence : il paraît que c’est le point d’orgue de notre parcours avec la découverte de la vallée des couleurs et ses roches sculptées. La première d’entre elles est un étrange « champignon » modelé par le vent.

Ensuite se succèdent d’impressionnantes parois de pierre à motif de toutes les couleurs, rayé, à pois, à écaille : on dirait du papier marbré florentin !

Nous montons vers un col. Le sentier et ses alentours sont étrangement parsemés de morceaux de roche noire qui contraste avec le sol de roche plutôt claire. On dirait qu’il y a eu une explosion volcanique. Le paysage s’élargit avant de redescendre vers un petit vallon au sol de sable blanc très fin.

Nous arrivons sur un plateau où sont installées des tentes bédouines tout en longueur (nous apprendrons plus tard qu’elles sont divisées en deux partie : l’espace de réception réservé aux hommes et l’espace de la famille où se tiennent les femmes et les enfants. Les deux sont séparées par une tenture). Quelques chèvres broutent des buissons ras sous la garde bruyante des chiens.

Notre halte pique-nique a lieu sous un nouveau « champignon » de roche encore bien plus immense que le premier. Il fait chaud, le soleil tape et annonce l’ambiance de désert de l’après-midi. Au programme, l’ascension d’une grande dune de sable. Le paysage a encore complètement changé !

Ali a installé le camp au cœur des dunes, à l’abri au pied d’une falaise. C’est un lieu vraiment exceptionnel. En fin d’après-midi, nous prenons de la hauteur pour aller admirer un panorama grandiose dans la lumière du coucher de soleil : vue à 360° sur le Wadi Araba et Israël dont on devine quelques « fermes-oasis » au milieu de la plaine aride.

Nous sommes déjà couchées dans nos tentes quand le vent se lève. Le sable est fin et pénètre par rafale dans les tentes. Nous décidons de dormir avec des masques sur le visage pour éviter d’en avoir plein la bouche. Au matin, le vent est tombé, mais il y a du sable partout !!

Dernier jour de notre marche. Nous quittons les dunes pour rejoindre le lit du Wadi Araba que nous suivrons toute la journée. C’est long et la fatigue de la mauvaise nuit se fait sentir. Certaines portions du chemin sinuent dans des gorges étroites et minérales, d’autres sont plus ouvertes et parsemées de végétation.

Une montée courte et raide nous permet de sortir du wadi et de rejoindre un village bédouin où nous attend la jeep qui va nous emmener au Wadi Rum. Le village n’a aucun charme : quelques bâtiments de parpaings épars avec ça et là des tentes bédouines. Avant de prendre la route, nous prenons un thé (ou plutôt un sirop de thé !) sous la tente chez Hajj Mohamed.

Finit le chao rocheux des wadis : nous sommes sur le plateau désertique à perte de vue en direction du célèbre désert de Laurence d’Arabie.